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Qui est Charlie ?
16 octobre 2015

Voyage du troisième âge

Vers la fin de sa vie, quand le brouillard s'épaissit, chacun a le droit d'imaginer le beau et dernier voyage qu'il va faire. Dans ce désir d'ailleurs se logent souvent des histoires tirées de notre imaginaire insondable. Un tel pense au Pérou à cause de "Tintin et les Picaros" ; tel autre rêve à Cuba, à cause de Fidel. On parle bien de désirs et de rêves, qui se traduiront peut-être un jour par la dépense de quelques milliers d'euros ; ce qui reste très convenable pour un européen du XXème siècle, car nous sommes encore au vingtième siècle - en doutiez-vous ? - voire au dix-neuvième, si l'on se fie aux destinations et aux "voyages de rêve". Parfois, d'aucuns songent à notre place et ça n'arrange pas les choses : ils sont tellement sûrs de connaître les milliers de courants et d'ondulations qui nous traversent depuis la nuit des temps - tous ne nous rejettent pas sur d'idylliques plages. Ça paraît si évident quand on a vieilli ensemble - même une année, même un jour. Si nous souhaitions toucher terre, nous opterions pour des pays moins convoités : l'Abkhazie par exemple, bien plus communiste que Cuba - la place plus modeste qu'y tient l'argent l'atteste ; l'Afrique aussi, hors safari. Mais presque personne ne veut vivre au-delà du rêve. L'hospitalité, oui ! Mais pas être logé gratuitement par l'étranger visité. Partant de là, nous ne nous coltinons jamais qu'un dixième de la Terre. À tout casser. Dans le meilleur des cas. "Meilleur" entendu dans le sens du "meilleur des mondes possibles", car d'autres ont le voyage en horreur. Je connaissais ainsi quelqu'un qui me donnait des leçons de paysage sans quitter son salon et son ordinateur, où il passait son temps sur "Google earth". Cette translation valait, selon lui, tout voyage, touristique ou autre, alors que ses déplacements réels sortaient rarement d'un réseau bien établi de correspondants connus d'avance. Ça ne l'empêchait pas de parler avec des inconnus, même si ceux-ci présentaient le point commun de passer à ses yeux pour de "braves gens" - blancs, la soixantaine, mal fringués. Quand je discutais son point de vue, il me ressortait toujours le même argument, à grand renfort d'exemples : sortir de chez lui ne lui apprendrait rien qu'il ne sache déjà sur le vaste monde, et ce qu'il savait déjà, soit dit en passant singulièrement dépourvu de chair, n'était pas beau à voir. Il ne cachait pas sa sympathie pour le Front National*. * parti nationaliste français de la fin du Xxème - début du XXIème
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