Après la bataille - VI bis

La science, paraît-il, le démontre : rien ne permet au cerveau humain de "distinguer la perception de l'hallucination, le réel de l'imaginaire" (E. Morin, Introduction à la pensée complexe, p. 62). C'est donc une aptitude particulière qui permet non seulement de penser mais aussi de critiquer cette pensée. Elle nécessite un entraînement assidu. Aptitude particulière et rare ; et sporadique aussi, tant notre perception semble aussi dépendre de schèmes préétablis de longue date, c'est-à-dire sans nous - sans Je. Ainsi, après des attentats, la plupart - tous ? - ont d'abord une réaction viscérale. Comme l'écrit Philippe Grimbert, nous sommes "sans voix" (Le Un, nmr 38). Mais d'aucuns ne tardent pas à retrouver leurs esprits : qu'est-ce que ça nous fait ? Pourquoi ça nous fait ça ? Se connaître : interroger sa connaissance de soi, sa volonté et sa capacité. Connaissance objective et subjective. Très complexe. Beaucoup de travail déjà. Connaître l'Autre. Que nous disent de lui le choix des armes et leur maniement ? Que nous disent de nous le choix des armes et leur maniement ? Ses intentions ? Communication, média, images, mots. Une "éthique de comportement " va se mettre en place (Philippe Grimbert, Gérard Challiand, Le Un, nmr 38), pour tenter d'endiguer les répliques de l'événement dans notre cerveau. Facile à dire. Mais dans ce marathon de la pensée, on note les premières échappées et les premiers abandons, de fatigue. Comment se parler dans l'univers en expansion ?