Avant la bataille

Avant la bataille, il n'y a quasi que matière. L'Esprit est presque absent de la surface, hormis dans le contre-sens et quelques paroles sacerdotales. Les précédents transmettent aux suivants des choses à retenir. Que l'on s'empresse d'oublier -"la barbe ! Ils nous emmerdent avec leurs histoires !" Passer une suite. Passé sans suite. Le passé, qui s'en soucie ? La matière est là pour - sous l'impulsion de et traversée par l'énergie - se lancer contre, choquer, frapper, percuter, exploser la matière. C'est plus que son but : c'est sa vie. Elle se vit comme ça, comme on regarde son corps se gonfler et se tendre dans les miroirs de la salle bodybuildantesque. C'est puissant. Ça impressionne. Tu ne saurais plus où donner de la tête. Avant la bataille, la matière se lustre - roue, rouages, roulettes, roulements, rotules baignent dans l'huile. Inventaires : tout se range et déjà vrombit, de jour comme de nuit. La mécanique est encore et toujours partout, dans tous les coins de l'air vicié de poussières.